wow, cat, je viens seulement de voir ton message ^^" (oui, j'avais un pitit peu oublié ce blog... faut que je
Par hijadelaluna, le 22.12.2015
vivement la suite ! http://catandc ats.centerblog .net
Par catandcats, le 06.10.2015
Date de création : 14.11.2012
Dernière mise à jour :
24.12.2015
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Partie Quatorze : Retour en terre d'Eurêka.
Après que l'intense tristesse m'aie quitté assez durablement pour ne plus m'abattre sur place tel une bête blessée par une flèche dans le cœur, je me remets à chevaucher lentement en direction de Havreciel, d'où je pourrai retrouver Myrra pour qu'elle me montre le chemin vers le Miroir de Vérité.
En fait, je ne pense même plus que ce voyage fut totalement inutile. J'aurais appris des choses dont j'ignorais même l'existence : la lumière, les couleurs, le soleil, le feu et tant d'autre.
Mais aussi la peur, le vol, la mort... et la tristesse si profonde qu'elle est aussi douloureuse qu'un coup de hache.
Tentant d'oublier les morsures du chagrin qui me reprennent parfois, je lève les yeux et vois les montagnes, au loin. Je concentre toutes mes idées vers elles, leur majesté, leur beauté.
Quand la douleur se fait trop forte, je repense aux splendeurs vues ici, je repense également au plaisir de bientôt retrouver mon propre royaume, mes habits d'ombre et ma couronne noire. Je devrai de toutes façon tôt ou tard effacer de mon visage tout les sentiments et redevenir la Reine Noire Alienora du monde de l'Ombre. Alors le plus tôt sera le mieux.
Il en fut ainsi pendant plusieurs heures, si bien que quand je suis de retour à Havreciel, le soleil est très bas à l'horizon.
Cet emblème de ce monde, bien que magnifique, ne me manquera pas du tout. Trop puissant, trop lumineux... je préfère largement mes ombres douces et mes chœurs dans les ténèbres.
« Alienora ? Tu es déjà de retour ? - quand j'entends la voix familière de Myrra, j'efface de mon visage toute émotion, refoulant mes pires tristesses et plus grandes déceptions au fond de mon cœur. Je prends mon air digne et distingué. Ils me reviennent spontanément, comme s'ils n'avaient jamais été très loin de moi.
_Oui. J'ai voyagé en vain. Il est temps pour moi de regagner mon pays, celui que j'ai tant aimé, et que j'adorerai toujours. Garde donc la harpe que j'ai construite en remerciement pour ton aide généreux. Vous l'avez mérité, et nous avons encore un moment encore avant que votre maitrise de l'instrument soit égale à la notre, dans le pays des ombres... - je lui fis un sourire léger, un peu mélancolique, comme il se doit à une Reine Noire. Elle se doute de quelque-chose, je le vois bien, mais elle ne demande rien.
_Et bien merci... Et... Voulez-vous rentrer chez-vous maintenant, ou demain ?
_Ce soir. Le plus tôt sera le mieux. »
Elle accepte, mais je vois à son expression qu'elle sait que tout ne s'est pas bien passé. Et le sent, mon cœur est lourd. Et elle n'a pas tort...
Son cheval est sellé en quelques minutes et nous voilà parties au trot, filant à travers ce paysage de lumières mourantes et de couleurs s'assombrissant. C'est si beau... je crois bien que jamais je n'ai contemplé de paysage plus beau.
Quel dommage que le temps ne puisse se suspendre et que cette image de beauté parfaite ne puisse durer pour l'éternité. Et quel dommage que le soleil, même mourant, ne puisse exister dans mon monde.
Mais je sais que ça serait mal d'essayer de faire venir cette boule de lumière dans mon monde. Ça lui ferai perdre son identité... et ça pourrait même le corrompre, comme celui-ci !
Je chasse cette idée de ma mémoire alors que l'obscurité poétique de la nuit tombe sur le monde de Daëlyssia.
Une nuit sans aucune lueur, hormis la pâleur de la faible nouvelle Lune, est bien installée en haut du ciel quand nous arrivons devant la vieille chaumière de Rhianne et son miroir sacré, unique porte reliant deux mondes.
Le temps de faire de brefs adieux à Myrra et me voilà qui traverse à nouveau le voile froid, liquide et mystique du miroir.
Mon reflet semble heureux de me revoir, quoi qu'un peu triste. Je réalise que m'ayant suivit tout au long de mon périple, elle sait ce qui c'est passé, elle sait ce qui rend mon cœur aussi sombre que mon pays...
« Alors ma douce ? On ne peut pas gagner à tout les coups, c'est ça la Loi du Vainqueur. Mais ne désespère pas ! Certain perdent aussi, comme toi. Mais certains n'ont rien à manger, nul part où aller. Tu es reine, retrouve ton royaume, ta beauté, la gloire et ta grandeur, ma douce. Je ne serai pas triste, au contraire. Je suis la plus chanceuse des reflets de ton monde. J'ai pu connaitre ma propriétaire. - je laisse s'échapper de mes yeux quelques larmes qui se perdent dans le liquide pur et magique, et je laisse même mon image me prendre dans ses bras pour me consoler.
_Je... Je dois me reprendre. Je ne peux pas me permettre de salir l'image des Reines Noires. À mon retour, les gens du peuple vont vouloir savoir où j'étais... je ne peux pas fondre en larme devant eux. Je dois être forte, je dois être dure !
_Je comprends, ma douce... Je comprends. Maintenant, oui, sois forte. Retourne chez toi, et jamais plus ne revient ici. »
Les promesses et les adieux se sont fais comme ça. Dans la simplicité, la tristesse et une mélancolique joie. Celle d'avoir vu ce que nul n'avait contemplé au même titre que celle de retrouver, effectivement, mon propre royaume et mes habits de reine.
Ensuite je suis retournée auprès du puits du miroir, j'ai de nouveau traversé les dizaines de mètres pour retrouver le monde sombre, dépourvu de lumière, auquel je suis habituée depuis si longtemps.
Quelle beauté de retrouver cette pénombre ! Quelle joie intense, quel bonheur ! Les simples douceurs de quelques fragment bleutés pour toutes étoiles dans notre ciel...
Les arbres noirs dont les feuilles grises ondulent sous un doux vent d'été...
Le trop puissant Soleil ne me manquera vraiment pas, en fait. Je ne l'aimais pas beaucoup, pour tour avouer.
Suivie par ma silencieuse moitié, mon reflet, je retourne vers le portail, le voile du miroir, qui me sépare encore de ma petite soeur, de Rhianne et de mon monde. Pour ne plus jamais revenir en celui-ci.
La traversée se fait moins brutalement en ce sens qu'à l'allée. Je m'écrase, mais me reprends immédiatement avec mes bras, devant ma petite Evidora qui sursaute, lâchant le livre qu'elle lisait, sans doute prêté par la sorcière.
« Alienora ? Te revoilà déjà ? Et seule ? Mais, et ton rêve ? Et ton grand amour ? Tu y es au moins allé, dans le monde de la lumière ?
_Oui, ma petite soeur. Je te raconterai tout ce que tu veux savoir sur Daëlyssia, si tu me promets de ne rien dire à personne. Mais ce n'était qu'un rêve que je poursuivais. J'ai compris cela, puis j'ai eu le mal du pays. J'ai vu cet autre monde, mais aucune terre ne vaudra jamais la notre. Jamais aucun peuple ne vaudra celui d'Eurêka... »