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Date de création : 14.11.2012
Dernière mise à jour : 24.12.2015
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LA REINE NOIRE [deux]

Publié le 24/12/2015 à 11:03 par hijadelaluna

Partie deux : La Beauté Parfaite.

 

 

Le dîner est encore très réussit aujourd'hui. Notre cuisinier, Sombre Rêve, jeune chef Aëkr venu d'un lointain pays dans le but de devenir un cuisinier reconnu, fait vraiment de son mieux pour contrer la fuite de gaz qui donne un étrange gout à tout les plats qu'il prépare depuis maintenant trois jours.

À ce niveau là, le fameux ''feu'' dont parle ma soeur et qui semble si miraculeux serait bien utile. Sauf s'il donne lui aussi une étrange odeur à tout ce qu'il touche...

Néanmoins il semble que tout rehausser avec du poivre suffise à rendre les plats plus que mangeable. Surtout quand on a le doigté et la précision d'un Aëkr.

En me restaurant silencieusement, j'observe les quelques personnes attablées autour de moi. Ma petite soeur qui donne des directives à la chef du chœur du palais, la Vouivre Kiss-ah, une vieille femme-serpent qui possède plus de cheveux blanc que d'écailles. Il faut bien avouer qu'Evidora à un véritable sens créatif, elle aussi, et que la combinaison de l'expérience et de la jeunesse donne souvent le jour à des œuvres révolutionnaires.

Les six gardes en services bâfrent en silence, sans se soucier du reste, se racontant les ragots de leur journée. Les serviteurs, également autorisés à manger en même temps que nous, se racontent des blagues pour se détendre après leur éprouvante journée de travail.

Je crois bien que je leur donnerai un ou deux jours de congé, qu'ils puissent un peu récupérer.

Seule Aëris, la nourrice et l'éducatrice de ma soeur, reste silencieusement à mes cotés, mangeant du bout des lèvres.

Soudain, vers la fin du repas, elle se tourne doucement vers moi, s'assurant que personne ne l'a remarqué pour me parler à voix basse.

 

« Dame Alienora. Le Baron des Landes des Brumes nous envoie ses trois fils les plus forts et nobles, Eberron, Linéron et Aeron. Vous n'êtes pas sans savoir que le fief des Landes de Brumes a fait beaucoup pour nous par le passé. Il serait mal avisé de ne pas les recevoir correctement...

_Là n'est pas la question, Dame. Je reçois toujours avec respect et courtoisie mes invités. Je ne puis garantir cependant que l'un d'eux reviendra un jour pour autre chose qu'une visite de courtoisie...

_Jamais nous n'avons vu Reine Noire tant tarder pour trouver un mari. Il serait toujours possible, bien entendu, de faire monter sur le trône une fille de votre soeur Evidora après votre mort... Mais vous comprenez que ce genre de solution est loin d'être celle que nous préfèrerions....

_Je comprends ma Dame. J'ignore quelle malédiction m'a infligé le Destin, mais il semble effectivement que mon cœur soit une puissante forteresse, même contre ma volonté la plus sincère de trouver mari qui me plaise. »

 

Aëris se contenta d'un soupire avant de se servir un part de tarte préparée pour le dessert par le talentueux cuisinier. Moi je soupire, mais plus par stresse d'encore devoir organiser une énième réception pour un fils de noble que par dépit de n'en trouver aucun à mon gout. Toujours beaucoup de préparation pour pas grand chose, au final.

Fort heureusement, le peuple apprécie beaucoup les grands bals costumés et s'y montre toujours ponctuel et particulièrement distingué, nous possédons l'un de meilleurs chefs cuisinier de ce monde et ma soeur est une chef d'orchestre née. Cette venue ne sera donc qu'une bonne nouvelle pour tout le monde.

Enfin presque...

Après le repas, je me contente d'annoncer la nouvelle de Dame Aëris d'une voix neutre, acclamé par le large sourire de ma soeur et quelques applaudissent d'excitation d'ouvriers du palais. Ma petite soeur qui se mit ensuite à bavasser si intensément avec Kiss-ah que la pauvre n'avait guère le temps de répliquer autre chose que quelques fébriles O.K. entre quelques mots.

C'est ça : qu'ils se débrouillent ce soir à organiser les deux tiers de la réception, moi je vais dans ma chambre et je verrai le reste demain. J'ai l'impression d'avoir reçu un coup de marteau sur le crâne tant je suis épuisée.

Il faut aussi avouer que durant cette simple journée, pas moins de quatre éleveurs de bêtes sont venus se plaindre d'attaques de Grisous, sortes d'ours géants. Les bêtes se font de plus en plus féroces ces temps-ci.

Mais les Grisous, ainsi que beaucoup d'animaux, semblent animés par un cycle périodique encore incompris. L'un des grands mystères de notre Destin !

Trois gardes ont étés envoyés dans les fermes environnante, en espérant que cela suffira. Malgré moi, je veille encore tard dans la nuit, affrontant ma propre fatigue. Mais je sais que je n'arriverai tout simplement pas à dormir. Aëris a vraiment soulevé un gros problème : Je suis la première Reine Noire à m'obstiner à ne pas vouloir ma marier. Toutes les autres avant moi trouvèrent leur bonheur dans de grands fils de la haute noblesse aux yeux d'argent ou de preux chevalier de l'ombre... il n'y a donc que moi qui ne trouve pas ces hommes irrésistibles ?

Soudain, entre en trombe dans ma chambre ma petite Evidora, un large sourire dessiné sur les lèvres. Ses yeux étincelants m'indiquent qu'elle a une grande nouvelle à m'annoncer.

 

« J'ai une super nouvelle pour toi, Dame Alienora des Ombres. Cette fois c'est la bonne... Les fils du baron, l'un des chasseurs les connais. Il parait que des filles de ducs viennent désespérées chez eux en espérant en épouser un... il parait que le plus laid possède un regard bleu si doux qu'il semble venir d'un autre monde et un torse... Ma soeur, il parait que nous n'avons jamais rien vu de tel... Et c'est le plus laid des trois ! - je ris un moment. Mais c'est un rire sans plaisir. Je viens enfin de comprendre ce qui me gène tant...

_Petite soeur... c'est justement ça qui me dérange... c'est cette beauté. J'ai l'impression que ce n'est pas celle qui est digne d'une Reine Noire. J'ai, au fond de mon cœur, comme une voix qui me dit que la perfection, la beauté parfaite de ce monde, ce n'est pas ça.

_C'est quoi alors, la beauté parfaite ?

_Je l'ignore, petite soeur. Je l'ignore... » Je lève les yeux vers le ciel noir qui évolue au delà de la fenêtre. Quelle est donc cette beauté utopique que je cherche tant, mais dont je n'arrive pas à trouver le nom ?